La Maison du peuple - Clichy

Lauréat d'Inventons la Métropole du Grand Paris.

Les premiers quartiers du Grand Paris dévoilés – Le Monde

Maison du Peuple

Les lauréats de l’appel à projets « Inventons la Métropole » devaient être connus mercredi : 54 sites dont dix-neuf quartiers de gare du futur métro seront aménagés.

Vue d’artiste du projet du futur quartier de Vitry-Les Ardoines (Val-de-Marne).

Vue d’artiste du projet du futur quartier de Vitry-Les Ardoines (Val-de-Marne). KAUFMAN & BROAD

Urbanisation de la zone économique du Pont-de-Rungis entre Thiais et Orly (Val-de-Marne), des entrepôts Pleyel à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ou du quartier du Luth à Gennevilliers (Hauts-de-Seine), revitalisation de la place de la Boule à Nanterre (Hauts-de-Seine) ou du cœur de ville à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), reconversion de l’usine EIF à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et du terrain Bi-Métal à Joinville-le-Pont (Val-de-Marne).

L’appel à projets « Inventons la Métropole », dont les lauréats devaient être dévoilés, mercredi 18 octobre à partir de 16 heures au Pavillon Baltard de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), forme une collection de projets urbains qui restera comme la première véritable génération de quartiers du Grand Paris.

Sélectionnés parmi une liste de 112 terrains proposés par les maires parmi leur foncier le plus complexe ou le plus sensible à urbaniser, les sites ont été livrés à l’imagination de groupements réunissant promoteurs, investisseurs, urbanistes, architectes, paysagistes, PME, associations… Sur chaque site, le groupement vainqueur entre désormais en dialogue exclusif avec la municipalité pour acquérir les terrains et développer son projet.

A quelques semaines des arbitrages d’Emmanuel Macron sur la gouvernance du Grand Paris, le président (Les Républicains, LR) de la Métropole, Patrick Ollier, veut faire du succès de cet appel à projets un argument en faveur de l’extension des pouvoirs de sa collectivité, contre des élus comme la présidente (LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, pour qui cette structure « ne sert à rien. »

Immobilier d’entreprise gagnant

« Vous ne trouverez nulle part un processus de cette envergure mené à bien en un temps aussi court, insiste Patrick Ollier. Ce concours illustre que la structure métropolitaine est la bonne, car elle est à l’échelle de la zone dense et repose sur les maires, qui sont ceux qui détiennent le pouvoir d’agir. »

Organisée par la Métropole du Grand Paris, la préfecture de Paris et d’Ile-de-France et la Société du Grand Paris, la compétition affiche de hautes ambitions : « Construire collectivement une métropole résiliente, innovante et durable. » C’est aussi une coulée de béton comme on n’en avait pas vu depuis longtemps sur l’Ile-de-France, au point de débrider l’appétit du secteur de la construction et d’inquiéter, un peu partout, associations de riverains et défenseurs de l’environnement.

Qu’on en juge : sur 54 sites, dont 19 quartiers de gares du futur métro automatique Grand Paris Express, « Inventons la Métropole » distribue un total de 2,1 millions de mètres carrés à construire sur 165 hectares de friches industrielles, d’entrées de ville, de terrains nus et de pépites du patrimoine, comme la Maison du Peuple de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), avant-garde éclairée de l’architecture des années 1930. Autant de lieux dont l’urbanisation est censée faire émerger une « identité métropolitaine » aujourd’hui inexistante.

La première pierre de cette identité est médiatique. L’appel à projets et la présentation des groupements lauréats sont d’abord l’occasion d’une intense opération de communication menée à grand renfort d’images de synthèse et d’architectures spectaculaires. Un feu d’artifice visuel doublé d’une emphase verbale : l’opération, « la plus grande consultation européenne de smart city », va faire de la Métropole « la championne de l’innovation urbaine. »

« Le but, c’était d’inventer la ville de demain ; nous avons mis l’accent sur l’innovation, incité les groupements à intégrer des start-up locales, raconte Thomas Degos, directeur général de la Métropole. Quand les groupes ont proposé des solutions toutes faites, on ne les a pas retenues. »

Marketing bien pensé ou innovation véritable ? Les réponses font la part belle aux bâtiments bioclimatiques, à l’économie circulaire, à la mutualisation des services – conciergerie commune, autopartage, coworking… -, à l’agriculture urbaine (3,5 hectares au total), à la mixité des usages et à la réversibilité des espaces.

Pour le président de la Société du Grand Paris, Philippe Yvin, « pour la première fois, les grands groupes du BTP, les géants de l’environnement, les énergéticiens, les grands architectes s’associent à de nouveaux acteurs innovants pour proposer un modèle français de la ville du XXIe siècle. Mais il faudra s’assurer que ces innovations se retrouvent véritablement dans ces quartiers. » En attendant, l’examen des projets lauréats montre que l’immobilier d’entreprise sort vainqueur de la compétition, avec 867 000 m2, dont 651 000 m2 de bureaux. Côté logement, 815 000 m2 offriront un toit à environ 27 400 habitants. Enfin, les projets choisis par les jurys totalisent 175 000 m2 d’équipements et de services (publics et privés), 166 000 m2 de commerces et de restaurants et 86 000 m2 d’hôtels.

Effet levier considérable

Au total, les lauréats représentent 7,2 milliards d’euros d’investissements privés, pour seulement 3,6 millions de coût d’organisation de la consultation et 300 millions d’euros d’argent public investis dans les fonds propres des lauréats par la Caisse des dépôts et le programme des investissements d’avenir. Un effet levier considérable. Selon une étude commanditée par la Métropole, les chantiers pourraient représenter chaque année 2 300 emplois dans les activités d’études et 7 000 emplois dans la construction.

« Cela a d’abord permis de tester le marché et l’attractivité de la Métropole, se félicite Thomas Degos. Nous nous attendions à recevoir deux ou trois propositions par site, or on a reçu 420 candidatures au total, pour retenir 164 groupements finalistes en mars. » Les jurys, composés d’élus et de professionnels de l’aménagement, se sont réunis pendant 200 heures cet automne pour départager les propositions sur chaque site.

Si la consultation a le mérite de penser l’innovation et la conception directement à l’échelle du quartier, et non simplement bâtiment par bâtiment, des observateurs s’interrogent sur l’échelle de ces projets, de moins de 4 hectares en moyenne.

« La taille moyenne d’un projet urbain regardé par un fonds d’investissement étranger, c’est 80 hectares. Les projets d' »Inventons la Métropole » sont trop petits ; on ne peut pas faire le Grand Paris à cette échelle, estime un aménageur de la région. Ça attire l’attention du public, ça accélère certains projets, mais ça ne déclenche aucune opération qui n’aurait pas eu lieu sans cela. »

Pour la Métropole, ce positionnement sur des parcelles modestes est logique, les propositions étant apportées par les communes. Reste un risque : que les projets s’additionnent sans stratégie globale ni vision d’ensemble, au gré des logiques municipales et au risque du télescopage.

Les trois quarts des projets sont dans une logique de rééquilibrage vers l’Est de la Métropole, mais des ensembles de bureaux pourraient sortir de terre qui peineront à trouver preneurs, car des dizaines de projets similaires mieux situés auront été lancés au même moment.

« La Métropole anime une discussion formelle et informelle pour coordonner et harmoniser les projets, assure Patrick Ollier. Ce serait suicidaire pour un maire de prévoir exactement la même chose que la commune d’à côté, ils le savent bien. » Trois maires ont toutefois préféré quitter la compétition et reprendre la main sur leur territoire : des 57 sites de départ, il n’en reste que 54 à la fin.

Par Grégoire Allix. Le 18 octobre 2017.

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